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Li Peng : tempête autour d'un verre

Dans l'édito de MagNet d'hier, nous nous interrogions sur l'opportunité de sacrifier la question des Droits de l'homme sur l'autel des contrats avec l'industrie française. Les manifestations et les protestations de tous ordres contre la venue de Li Peng ont, peut-être motivé Alain Juppé à faire ce qu'il a fait hier soir. Mais on peut facilement imaginer qu'il a agit ainsi de sa propre initiative.

En effet, hier soir, s'est produit un mini-psychodrame diplomatique, une tempête autour d'un verre, un séisme de 0,5 degrés sur l'échelle de la bienséance diplomatique. Invité à dîner par le premier ministre français, le premier ministre chinois devait auparavant signer de noimbreux contrats. Signatures qui portent sur quelques 10 milliards de francs de commandes pour l'industrie française (Airbus, St Gobain..). De mémoire de diplomate on ne peut envisager une signature officielle sans qu'elle ne soit suivie de toats portés par les protagonistes. Alain Juppé fit donc prévenir le staff de Li Peng qu'il entendait évoquer la question des Droits de l'Homme à cette occasion. L'entourage de Li Peng refusa, et arriva une heure en retard pour la cérémonie des signatures. Signatures qui restèrent pour cette raison incertaines jusqu'àç la dernière minute. Alain Juppé prit alors une décision grave : les toasts, et les discours seraient supprimés puisqu'il ne pouvait pas s'ouvrir en présence de Li Peng du problème des Droits de l'Homme.

Conclusion des analystes politiques : Alain Juppé a sauvé la face. Il a réussit le tour de force d'arriver à faire signer les contrats aux chinois, mais à supprimer les toasts. Curieuse victoire en fait. Ces accords commerciaux doivent arranger tout autant les chinois que les français. Quant à passer outre la coutume des toasts sous prétexte que Li Peng ne veut pas entendre ce qui le fâche c'est une piètre consolation. Que notre capacité à se placer en pays des Droits de l'homme se juge à l'aune des mini-discours avortés pour cause de refus de la partie adverse frise le ridicule. On ne peut toutefois pas soupsconné une minute Alain Juppé de partager un tant soit peu les conceptions totalitaires de Li Peng, on peut simplement regretter que notre situation économique force notre premier ministre à de si petites revanches. Il doit en être le premier meurtri, mais là encore un certain devoir de réserve et la raison d'état triomphe de la "seule querelle qui vaille : celle de l'homme".
M.V

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